Lettre aux producteurs landais de palmipèdes

Lettre aux producteurs landais de palmipèdes
9 janvier 2021

Cher(e) collègue producteur de palmipèdes, 

Nous vivons des moments très durs entre foyers et dépeuplements. Nous sommes tous les producteurs de palmipèdes, concernés aujourd’hui ou demain tant la situation évolue et ne semble plus maîtrisable. Je pense aussi à tous les acteurs et salariés des filières avicoles qui sont ou vont être en grande souffrance également.

Eleveur-gaveur autarcique, en dérogation, je partage pleinement l’inquiétude et l’incompréhension face à une situation sanitaire qui nous échappe.

Nous avons à faire à un virus beaucoup plus virulent qu’en 2017.

A l’appui des avis et des préconisations des scientifiques, la Chambre d’agriculture et le CIFOG ont pris position très tôt pour demander d’assainir les zones de 3 kms autour d’un foyer avec la mise en place de moyens supplémentaires pour frapper vite et fort. Mais nous n’avons pas été suffisamment entendus.
Si les sceptiques ont besoin de preuve sur la dangerosité du virus, sachez qu’aujourd’hui les analyses en laboratoire sur les animaux abattus préventivement révèlent 60% de cas positifs.   

La situation actuelle est insupportable !

Nous avions avec les outils BD avicole et Cartogip les moyens de connaître les élevages à protéger et circonscrire le virus.  Les lenteurs de prises de décisions de l’Etat n’ont pas permis d’y arriver.

Même si nous approuvons les mesures annoncées par le Ministre de l’Agriculture à savoir une augmentation des capacités d’abattage à 160 000 canards semaine et l’extension des zones de dépeuplement systématique de 3 à 5 kms autour d’un foyer, je crains que ce ne soit trop tard quand on voit la vitesse de propagation du virus à l’intérieur des Landes mais aussi dans les départements voisins.

Ce qui nous fait souffrir, nous producteurs, c’est d’être dans l’attente, sans savoir comment son cas va être traité, d’accepter d’être en dépeuplement quand on n’est pas foyer.  
L’acceptabilité passe par le fait que l’on soit indemnisé à hauteur des pertes subies. Cela permettra  d’envisager un avenir à écrire pour pouvoir continuer à vivre de notre métier.   

J’ai dit tout cela à Monsieur Denormandie  ce vendredi à Mont de Marsan.

La Chambre d’agriculture a calculé les revalorisations de barèmes d’indemnisations 2017 en tenant compte de l’évolution du coût des matières premières et des surcoûts de production liés aux investissements  tant en filière courte que longue. Nous les avons transmis à l’ITAVI qui travaille en lien avec le Ministère. Nous avons aussi demandé l’avance de 70% de ces indemnisations pour tous les producteurs dans l’attente du calcul réel pour chacun. Nous avons formulé ces propositions  lors de toutes les réunions avec la Préfecture, la DGAL, le Ministère et encore ce vendredi directement au Ministre.   
Le Ministre nous a répondu que l’Etat serait au rendez-vous. Une cinquantaine de dossiers d’indemnisations des foyers sont déjà en cours d’instruction et il a bon espoir qu’une quinzaine soit mise en paiement dès la semaine prochaine.  Il s’est engagé sur le paiement au fil de l’eau de tous les dossiers complets avec une avance de 70 à 75%. Concernant le volet pertes d’exploitation, il a précisé que des discussions sont engagées avec l’Union Européenne.

Nous avons appuyé également la demande de la Présidente de la MSA Sud Aquitaine de débloquer 3 millions d’euros pour une prise en charge des cotisations ainsi que l’activation du dispositif d’activité partielle pour les producteurs qui ont des salariés.

Je lui ai rappelé la nécessité de renforcer rapidement les moyens de services de l’Etat pour gérer l’éradication afin que nous puissions envisager sereinement une reprise d’activité.
N’oublions pas que toute remise en place de volailles et palmipèdes est interdite tant que tout ne sera pas assaini.  On pourra peut-être envisager une reprise par zone en fonction de l’avancement de la stabilisation. Chacun doit comprendre qu’il s’agit d’un enjeu collectif, il en va de l’avenir de nos filières départementales de palmipèdes mais aussi de volailles.

Je terminerai en indiquant à  tous ceux qui ont besoin d’une écoute ou qui repèrent un collègue producteur en situation de détresse : n’hésitez pas à contacter la cellule spéciale de soutien  mise en place par la MSA. Tel 05 59 80 73 49.

Sachez que la Chambre d’agriculture est plus que jamais à votre écoute et à vos côtés dans cette épreuve.
Cordialement,
 

Marie Hélène CAZAUBON
Présidente de la Chambre d’agriculture des Landes