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« Il faut qu'on nous écoute ! »

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Marie Hélène CAZAUBON président de la Chambre d'agriculture des Landes

Interview de Marie Hélène Cazaubon à l’antenne de France Bleu Gascogne ce vendredi 26 janvier matin.

 

 

La président de la Chambre d'agriculture des Landes était vendredi 26 janvier matin à l'antenne de France Bleu Gascogne .
 

France Bleu Gascogne : Qu'est- ce qu'attendent les agriculteurs du gouvernement et plus spécifiquement ici, chez nous, dans les Landes ?
Marie-Hélène Cazaubon : Alors, pardon, je voudrais tout d'abord avoir une pensée émue pour la famille d'Alexandra et sa fille qui malheureusement sont décédées dans des circonstances dramatiques dans l'Ariège en début de semaine. Maintenant, pour répondre à votre question, nous sommes le seul département en France à avoir perdu il y a quelques années les zones défavorisées. Celles-ci permettaient à nos éleveurs de bovins d'avoir un accompagnement spécifique qui tenait compte de leurs particularités, de leurs difficultés, sur des territoires où il n'y a pas d'accès à l'eau. Où effectivement, le maintien de l'élevage est capital. Ces accompagnements ont disparu dans les Landes.


F.B : Donc vous demandez le rétablissement de ces zones ?
M-H.C. : Alors à cela s'ajoute la nouvelle PAC (Politique agricole commune) qui les impacts encore plus. Parce que dans les éco-régimes, un calcul qui fait que nos particularités d'élevage dans les Landes ne rentrent pas. Du coup, ils sont privés encore et encore plus d'aides supplémentaires qui leur étaient dues. Et là, aujourd'hui, s'ajoute le problème sanitaire (notamment la MHE, maladie qui affecte les bovins). Les annonces qu'a faientt le ministre d'un accompagnement sur le soin apporté aux animaux, sur les animaux morts ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il n'est pas à la hauteur des enjeux. Les enjeux sur cette maladie, on ne les connaît pas encore. Ils vont être à long terme. On a aujourd'hui des avortements, des stérilités d'animaux qui ne seront plus productifs. Et ça, ça n'est pas encore pris en compte. Nous demandons donc, vraiment, la prise en charge à 100 % des pertes pour les éleveurs de bovins. Et puis dans les Landes, vous savez bien, on irrigue...


F.B : La question de l'eau est très importante j'imagine...
M-H. C : C’est un enjeu très important pour nous l'été. L'autorisation annuelle de prélèvement a été contestée. Aujourd'hui, nous demandons le rétablissement, la sécurisation, de l'irrigation pour tous les agriculteurs avec des volumes de 2022. Ça, c'est très, très important.


F.B : Alors, on le sait, la FNSEA (premier syndicat agricole en France) a fait une liste de recommandations qui a été transmise au Premier ministre. Vous ne voulez pas que le gouvernement y "fasse ses courses à l'intérieur", pioche ce qui l'intéresse. Mais vous croyez vraiment qu'on va répondre à toutes les demandes ?
M-H. C Alors, il y a du court, du moyen et du long terme. On sait très bien que sur toutes les mesures qui ont été présentées, tout ne se fera pas aujourd'hui. On a vraiment besoin que ce qui peut se faire facilement, rapidement, le soit. Vous savez, rétablir les droits d'eau pour tous les agriculteurs, cela ne coûte rien. C'est une volonté politique et cela, nous en avons besoin. S'ajoutent aussi les lois EGAlim, lois qui partaient d'une bonne intention en calculant les coûts des agriculteurs et en ajoutant ensuite les marges des uns et des autres. Mais cela n'est pas mis en place comme cela le devrait.

F.B : Donc l'application de la loi EGAlim, cela fait partie des choses que vous souhaitez mettre en place. Il y a des choses à court terme, d'autres à plus long terme...
M-H. C : Exactement. Si on voit les actions qui se font à destination des grandes surfaces, c'est un peu pour mettre la pression alors qu'il y a des négociations en cours actuellement.

F.B: Et si les annonces ne correspondent pas à ce que vous attendez, c'est quoi le risque ? Les renseignements territoriaux disent clairement que les syndicats risquent d'être débordés si l'attente est trop longue. Plus les jours passent, plus le risque de dérapage existe. Il y a un risque d'embrasement aujourd'hui du conflit ?
M-H. C Il y a un risque de maintien de ces actions au coup par coup dans certaines zones.

F.B: De maintien ou d'aggravation ?
M-H. C : Sur le long terme, l'aggravation, j'espère que non. Nous souhaitons nous que tout se fasse dans le respect des biens et des personnes. Cela a toujours été la volonté de la FDSEA (antennes départementales), de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Mais moi je voudrais aussi parler de l'entretien des cours d'eau, des fleuves. Chaque année, nos agriculteurs, nos producteurs de kiwis se retrouvent avec des parcelles inondées, en perte de production. Sans même parler de la concurrence déloyale sur les produits officiels de qualité. On a des volailles dans les Landes, le premier label rouge de l'histoire. Aujourd'hui il est fortement concurrencé par des importations de poulets standardisés qui viennent de Brésil, d'Ukraine et autres.

Extrait de l’interview réalisée par Marion Dambielle-Arribagé et Lise Dussaut de France Bleu Gascogne et publiée sur le site de FranceBleu.fr